mardi 8 juin 2010

Scissor Poppers.


On avait laissé les américains de Scissor Sisters sur une mauvaise pente, avec un 2e album aseptisé et surproduit, gommant au passage tout ce qui avait fait le charme du groupe : cette electro-disco débridée, terriblement camp', empruntant autant à des Bee Gees dégénérés qu'à la B.O d'une vidéo d'aérobic de Jane Fonda. Certes, la musique des Scissor sisters avait envahit les amplis de Leroy Merlin (toujours une bonne chose) mais à quel prix ? le poussif "I don't feel like dancing" plus proche du boursouflé Elton John que du frétillant Sylvester* n'a t'il jamais donné envie à quelqu'un de sortir sa carabine pour abattre le pourtant très joli Jake Shears ? C'est donc sans réelle excitation qu'on attendait la livraison de leur nouveau disque "Nightwork", les croyant à jamais vendus au grand capital et à la sono des campings. On a eu bien tort. Et on s'en est très vite rendus compte en découvrant la pochette du cd qui ne ressemble pas vraiment à un appel aux associations familiales, à savoir le cul galbé d'un mec, cliché retravaillé du photographe gay controversé Robert Mapplethorpe. Comme si le groupe voulait nous annoncer que sa musique revenait dans sa phase anale.

A l'écoute des premiers morceaux, on a été pleinement rassurés, le quintet a retrouvé l'énergie hystérique qui faisait défaut au précédent disque (zéro ballade cette fois-ci) et enchaine les tubes potentiels avec une facilité écoeurante. Jacques Lu Cont, leur désormais illustre producteur (Madonna, The Killers, le prochain Kylie) a même réussi l'exploit de donner à ces chansons une patine rétro tout en y injectant les sons d'aujourd'hui. A certains moments, on ne sait donc plus très bien si on est en 2010 ou en 1980, à danser dans une backroom new yorkaise, en compagnie du Al Pacino de "Cruising", ce nanar SM culte où l'on bouge beaucoup son arrière-train, de diverses façons d'ailleurs. Surtout, "Nightwork" est un disque qui peut s'écouter dans son intégralité. En guise de warm up, les chansons les plus construites et les plus pop sont au début, faisant place dans le dernier tiers à des morceaux dancefloor carrément plus hypnotiques et grisants, puant le sexe à plein nez. C'est d'ailleurs la bonne nouvelle de l'été pour toutes les narines et les oreilles : les Scissor Sisters ont remplacé le sucre par du poppers. Sortie le 28 juin.

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